mardi 30 septembre 2025

Un projet artistique collectif avorté par le COVID

 Retrouvé dans mes archives : un projet réalisé dans le cadre d'une expo collective avortée par le Covid.

Un noble anglais à l’allure hautaine fume sa pipe, ce qui contraste avec ses chaussures de marche et ses chaussettes hautes qui lui donnent des faux-airs tyroliens ou bavarois. Ses formes de cafetière italienne rendent quasi palpables des effluves de café fraîchement moulu, ou le bruit impatient du café qui bout.
Un deuxième personnage, plus étrange encore, pointe le bout de son nez. Une femme au visage de clown dont la chevelure est faite de ces feuilles de rouleaux de papier-toilette qui ont déchainé les passions ces derniers temps. A l’inverse des temps troublés que nous traversons, elle est aérienne et insouciante. Ses pieds en forme de rouleau de PQ ne semblent pas ralentir sa course vers une destination que l’on imagine joyeuse. Ses bras en forme de pommeau de douche et de brosse à chiotte (excusez-moi pour la vulgarité du terme) lui donnent un élan supplémentaire. Les masques inspirés par la Commedia dell’Arte évoquent les montagnes russes du confinement : entre colère, blues et joies d’imbécile heureux.
Le personnage-objet qui complète cette trinité est un être de lumière, mais aussi un être céleste. L’ampoule de cette lampe vivante est lunaire et mélancolique. Elle est abritée par un abat-jour enflammé symbolisant la chaleur qu’elle dégage. Sur son dos, elle porte une bannière de samouraï décorée d’un mot japonais signifiant « lumière ».
Aux côtés de ces étranges êtres, deux objets complémentaires.
Un vieux moulin à café tout d’abord. Sa perspective faussée et ses angles déformés nous donnent l’impression qu’il va s’effondrer sur lui-même, tout en lui donnant un air dynamique d’objet statique. Des grains de café, dont l’odeur séduit nos orifices nasaux, attendent patiemment d’être moulus afin de nourrir M. Cafetière. Nous ne résisterons pas à l’appel de leur croustillance et en croquerons un de temps en temps, libérant dans notre bouche leur amertume addictive. Mais revenons à l’objet de notre attention : le moulin à café. Les tâches orange-bleues contrastent avec le noir-blanc dominant. On s’attendrait plus à les voir orner un poisson exotique qu’un moulin à café.
Et puis, cette tasse ramenée de l’autre bout du monde. Souvent utilisée pour boire un thé, rarement pour un café (car trop grande). Un cadeau offert par des très chers amis mexicains lorsque je leur ai rendu visite en 2009, dans la région de Cordoba. Mon séjour se déroula sous l’œil à la fois bienveillant et menaçant du Pico de Orizaba, sûr et fier de sa puissance de volcan. Cette tasse, vestige de ce voyage si inspirant artistiquement, humainement et culturellement, a troqué pour ce dessin son vert uniforme pour un sobre noir-blanc parcouru des mêmes rondeurs colorées que le moulin à café.
Et j’allais oublier : un paysage qui est en réalité la version grand format et améliorée d’un dessin issu de mon carnet de voyage. Nous nous trouvons dans un confortable restaurant. Sur la table, le strict minimum vital. A savoir : une délicieuse empanada, un jus de melon fraichement pressé, un café corsé et de quoi dessiner ce que la large baie vitrée nous laisse admirer. Le décor est andin. En silhouette, des hauts sommets tout en courbes et en mouvements (évocation des forces telluriques ?). Des arbres élancés pointent leurs cimes en direction de cieux étoilés. Les cactus et les bâtiments de pierres apparentes nous annoncent clairement que nous nous trouvons dans une région marquée par la sécheresse, dominée par le règne minéral. Le véhicule de droite aux angles déformés nous invite au voyage.
Mais quel lien entre ces éléments disparates me demanderez-vous ? Honnêtement, je n’en sais foutre rien. Il faudrait peut-être explorer les tréfonds de mon inconscient pour tisser ce fil d’Ariane invisible. Peu importe, ce n’est pas dans cette direction introspective que je veux vous mener. Mon objectif est participatif et interactif. Dit plus clairement : tu es libre de construire ta propre narration, ta propre histoire pour relier ces dessins. Libre à toi d’imaginer le récit qu’ils illustrent. Je t’invite d’ailleurs, si tu en as l’envie, de m’envoyer, par MP, l’histoire que t’inspireront mes dessins.





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